Le chasseur d'enchantements
J’ai souvent une chanson en tête, le matin, lorsque je parcours la campagne pour remplir ma cligne-musette :
« Il était cinq heures du matin,
On avançait dans les marais,
Couverts de brume... »
Cette chanson du « Chasseur », par Michel Delpech (on est dans le Loir-et-Cher, ne l’oublions pas ;-)), correspond parfaitement à l’état d’esprit de ces moments, à ceci près que l’appareil numérique a remplacé le fusil, qu’il était déjà six heures et demie et que je n’ai pas d’épagneul... ;-)
« Un vol de perdreaux
Par dessus les champs
Montait dans les nuages. »
Aujourd’hui, il ne s’agissait pas d’un vol de perdreaux mais de la pataugeade des incontournables canards.
« La forêt chantait,
Le soleil brillait
Au bout des marécages. »
La joie devient simple, dans cette contemplation isolée.
Et si le chasseur d’enchantements fait preuve de patience, il assistera à l’alchimie élémentaire qui se joue dans le secret des brumes.
À l’aube se préparent des sortilèges de lumières qui enflamment le clair chaudron de l’étang
Où mène ce fil de lumière et de brume ? Est-ce un chemin oublié vers la Voie Droite ?
En définitive, le chasseur d’enchantements tombe parfois dans le filet tissé sous ses yeux : ce matin, j’ai laissé une partie de moi sur les berges de cet étang.