Une enfance lacunaire
Il y a des jours comme ça : quand ça veut pas, ça veut pas...
Je ne vais pas passer en revue le détail des événements tristes ou fâcheux de la journée, ce n’est pas dans l’esprit de ce Bois.
Mais ce qui a prolongé la journée a eu au moins le mérite d’être tellement inattendu que ça m’a fait rire (jaune peut-être, mais rire quand même, c’est toujours ça ;-).
Continuant ma lecture d’Alain (et je vais en avoir besoin), j’ai commandé son bel ouvrage autobiographique intitulé Histoire de mes pensées.
Je l’ai trouvé aujourd’hui avec joie dans ma boîte aux lettres. Je l’ouvre... et constate que certaines pages de cette édition de 1944 chez Gallimard n’ont pas été imprimées !
Il manque les pages 8-9, 12-13 et 16.
J’ai hésité un moment à renvoyer, furibard, le livre à l’expéditeur...
... Mais finalement, je crois qu’Alain aurait souri des défauts de cet exemplaire. Il était le premier à dire que sa vie privée en général et son enfance en particulier n’avaient pas d’intérêt :
« Je n’aime pas les confidences, et jusqu’à ce point que je n’ai pas pu, même sous la forme du roman, écrire quelque chose de ma vie privée ; c’est peut-être que je n’aime pas trop à y penser, ou bien que je m’en suis consolé sans cela. J’ai su oublier et recommencer ; et cette méthode pratique ne peut être que mise en maximes, puisqu’elle a rompu le récit. Ne pas se raconter est alors une sorte de règle, et presque impitoyable, qui doit conduire à l’oubli. »
Alain, Histoire de mes pensées, « Enfance »
(Paris, Gallimard, NRF, 1936, 1944, p. 7)
J’en viens même à me demander si ce n’est pas à la demande expresse d’Alain qu’ont été omises ces quelques pages, toutes situées dans le chapitre sur l’enfance... ;-)