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Le Bois de Dendropogon
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12 janvier 2007

Le monde du reflet

À la recherche de tout autre chose, je retrouve l’image du reflet sous la plume de Cyrano de Bergerac...

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            « Le ventre couché sur le gazon d’une rivière, et le dos étendu sous les branches d’un saule qui se mire dedans, je vais renouveler aux arbres l’histoire de Narcisse ; cent peupliers précipitent dans l’onde cent autres peupliers : et ces aquatiques ont été tellement épouvantés de leur chute, qu’ils tremblent encore tous les jours, du vent qui ne les touche pas. Je m’imagine que la nuit ayant noirci toutes les choses, le soleil les plonge dans l’eau pour les laver ; mais que dire de ce miroir fluide, de ce petit monde renversé, qui place les chênes au-dessous de la mousse, et le Ciel plus bas que les chênes ? Ne sont-ce point de ces vierges de jadis métamorphosées en arbres, qui désespérées de sentir encore violer leur pudeur par les baisers d’Apollon, se précipitent dans ce fleuve la tête en bas ? Ou n’est-ce point qu’Apollon lui-même, offensé qu’elles aient osé protéger contre lui la fraîcheur, les ait ainsi pendues par les pieds ? Aujourd’hui le poisson se promène dans les bois, et des forêts entières sont au milieu des eaux sans se mouiller (...) »

Cyrano de Bergerac, Lettres diverses, « Des miracles de rivière »
(in Voyage dans la Lune, GF, 1970, 1994, p. 160-161)

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« (...) un vieil orme, entre autres, vous ferait rire, qui s’est quasi couché jusque dessus l’autre bord, afin que son image prenant la même posture, il fît de son corps et de son portrait un hameçon pour la pêche. L’onde n’est pas ingrate de la visite que ces saules lui rendent ; elle a percé l’Univers à jour, de peur que la vase de son lit ne souillât leurs rameaux, et non contente d’avoir formé du cristal avec de la bourbe, elle a voûté des Cieux  et des Astres par dessous, afin qu’on ne pût dire que ceux qui l’étaient venus voir eussent perdu le jour qu’ils avaient quitté pour elle. Maintenant nous pouvons baisser les yeux au Ciel (...) » (Ibid., p. 161)

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« Mais admirez l’empire que la basse région de l’âme exerce sur la haute ; après avoir découvert que tout ce miracle n’est qu’une imposture des sens, je ne puis encore empêcher ma vue de prendre au moins ce Firmament imaginaire pour un grand lac sur qui la terre flotte. » (Ibid.)

À mon tour d’adresser un clin d’œil, grâce à la suite immédiate de ce texte, au rossignol de la Framboise et du Citron ;-)

« Le rossignol qui du haut d’une branche se regarde dedans, croit être tombé dans la rivière : il est au sommet d’un chêne, et si il a peur de se noyer ; mais, lorsqu’après s’être affermi de l’œil et des pieds, il a dissipé sa frayeur, son portrait ne lui paraissant plus qu’un rival à combattre, il gazouille, il éclate, il s’égosille comme lui, mais si vraisemblablement qu’on se figure presque qu’il chante, et ne dit mot tout ensemble, pour répondre en même temps à son ennemi, et pour n’enfreindre pas les lois du pays qu’il habite, dont le peuple est muet (...) » (Ibid.).

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